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- Soutenance de thèse/HDR,
Thèse de Hamza Sabek
Publié le 6 novembre 2025
–
Mis à jour le 7 novembre 2025
Représentation du corps en mouvement : Vers une approche intentionnelle et intégrative des effets perceptifs liés au corps.
Date(s)
le 28 novembre 2025
Heure de début : 14h
Lieu(x)
Bâtiment Pierre Grappin (B)
Salle B015 René Rémond
Au quotidien, nos actions génèrent de multiples signaux sensoriels, appelés effets perceptifs. Bien que les agents n’aient pas d’accès direct à la programmation de leurs actions, ils accèdent à leur réalisation en anticipant leurs effets perceptifs, un postulat de l’approche idéomotrice, développée par la Théorie du Codage des Événements(Hommel et al., 2001; Stock & Stock, 2004). Les actions produisent en général deux types d’effets : (i) des effets perceptifs liés au corps, issus du corps lui-même (e.g., vision de la main, toucher, proprioception), et (ii) des effets perceptifs liés à l’environnement, tels qu’allumer une lumière ou agir avec un outil. Lorsque plusieurs effets sont incongruents, la Théorie du Codage des Événements postule une pondération intentionnelle qui sélectionne les effets les plus pertinents pour l’agent (Memelink & Hommel, 2013). Néanmoins, la plupart des travaux dans le cadre de la Théorie du Codage des Événements portent sur des effets perceptifs liés à l’environnement, souvent artificiels, arbitraires, discrets et unimodaux, ce qui limite la généralisation aux effets perceptifs liés au corps, typiquement multimodaux, continus et égologiques. Notre objectif est donc de comprendre comment des effets perceptifs liés au corps multimodaux et incongruents sont intégrés dans la représentation de l’action.
Nous avons conçu un dispositif créant un conflit multimodal entre les signaux visuels et tactiles/proprioceptifs, grâce à l’inversion en temps réel des retours visuels des deux mains. Les participants réalisaient une tâche de Simon afin de capturer le codage spatial de l’action. Dans un premier ensemble de manipulations, nous avons rendu possible une représentation fondée soit sur les effets tactiles/proprioceptifs, soit sur les effets visuels : certains participants travaillaient sous retours visuels inversés, d’autres non ; l’intention était orientée soit vers la localisation visuelle, soit vers la localisation physique (i.e., tactile/proprioceptive). Nous observons une modulation intentionnelle des effets intégrés : une dominance tactile/proprioceptive lorsque l’intention cible la localisation physique, et un codage opposé (i.e., pas de primat visuel univoque) lorsque l’intention cible la localisation visuelle. Contrairement aux travaux dans le cadre de la Théorie du Codage des Événements, où l’intention module de façon prépondérante les effets perceptifs liés à l’environnement, nos résultats suggèrent que, pour les effets perceptifs liés au corps, l’intention ne suffit pas toujours et que d’autres processus d’intégration sont requis.
En nous appuyant sur la littérature de l’illusion de la main en plastique, où une corrélation visuotactile soutient l’appropriation du corps et l’agentivité, ainsi que sur les travaux sur l’espace péripersonnel (i.e., qui distinguent effets perceptifs liés au corps et effets perceptifs liés à l’environnement), nous avons introduit une phase d’induction manipulant la corrélation visuotactile : synchronie temporelle (i.e., pas de délai) vs asynchronie (délai visuel de 1200,ms), tout en maintenant l’inversion. Lorsque la corrélation visuotactile est suffisante sous retours visuels inversés, les participants représentent davantage l’action du point de vue visuel (i.e., effet Simon négatif). En condition asynchrone, cette bascule ne se produit pas et la représentation reste davantage ancrée dans la localisation tactile/proprioceptive.
Ainsi, l’intégration des effets perceptifs liés au corps semble exiger à la fois des processus ascendants (e.g., intégration multisensorielle et corrélation visuotactile) et des processus descendants (e.g., pondération intentionnelle). Cela suggère des mécanismes communs à la représentation de l’action et à l’appropriation du corps : l’action peut être représentée uniquement à partir d’effets liés au corps, mais leur intégration dépend conjointement de l’intention et de la corrélation visuotactile.
Mots clefs : intention ; effet simon ; représentation d’action ; intégration multisensorielle ; proprioception ; vision
Jury
M. Loïc HEURLEY, Directeur de these, Maître de conférences HDR, Université de Montpellier Paul Valéry
M. Régis THOUVARECQ, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Rouen Normandie
M. Florian WASZAK, Rapporteur, Directeur de recherche CNRS, Université Paris Cité
Mme Élisabeth PACHERIE, Examinatrice, Directrice de recherche CNRS, Institut Jean Nicod - École normale supérieure
M. Vincent DRU, Examinateur, Professeur des universités, Université Paris Nanterre
M. Michel GUERRAZ, Examinateur, Professeur des universités, Université Savoie Mont Blanc
M. Yves ROSSETTI, Examinateur, Professeur des universités - praticien hospitalier, Université Lyon 1
Nous avons conçu un dispositif créant un conflit multimodal entre les signaux visuels et tactiles/proprioceptifs, grâce à l’inversion en temps réel des retours visuels des deux mains. Les participants réalisaient une tâche de Simon afin de capturer le codage spatial de l’action. Dans un premier ensemble de manipulations, nous avons rendu possible une représentation fondée soit sur les effets tactiles/proprioceptifs, soit sur les effets visuels : certains participants travaillaient sous retours visuels inversés, d’autres non ; l’intention était orientée soit vers la localisation visuelle, soit vers la localisation physique (i.e., tactile/proprioceptive). Nous observons une modulation intentionnelle des effets intégrés : une dominance tactile/proprioceptive lorsque l’intention cible la localisation physique, et un codage opposé (i.e., pas de primat visuel univoque) lorsque l’intention cible la localisation visuelle. Contrairement aux travaux dans le cadre de la Théorie du Codage des Événements, où l’intention module de façon prépondérante les effets perceptifs liés à l’environnement, nos résultats suggèrent que, pour les effets perceptifs liés au corps, l’intention ne suffit pas toujours et que d’autres processus d’intégration sont requis.
En nous appuyant sur la littérature de l’illusion de la main en plastique, où une corrélation visuotactile soutient l’appropriation du corps et l’agentivité, ainsi que sur les travaux sur l’espace péripersonnel (i.e., qui distinguent effets perceptifs liés au corps et effets perceptifs liés à l’environnement), nous avons introduit une phase d’induction manipulant la corrélation visuotactile : synchronie temporelle (i.e., pas de délai) vs asynchronie (délai visuel de 1200,ms), tout en maintenant l’inversion. Lorsque la corrélation visuotactile est suffisante sous retours visuels inversés, les participants représentent davantage l’action du point de vue visuel (i.e., effet Simon négatif). En condition asynchrone, cette bascule ne se produit pas et la représentation reste davantage ancrée dans la localisation tactile/proprioceptive.
Ainsi, l’intégration des effets perceptifs liés au corps semble exiger à la fois des processus ascendants (e.g., intégration multisensorielle et corrélation visuotactile) et des processus descendants (e.g., pondération intentionnelle). Cela suggère des mécanismes communs à la représentation de l’action et à l’appropriation du corps : l’action peut être représentée uniquement à partir d’effets liés au corps, mais leur intégration dépend conjointement de l’intention et de la corrélation visuotactile.
Mots clefs : intention ; effet simon ; représentation d’action ; intégration multisensorielle ; proprioception ; vision
Jury
M. Loïc HEURLEY, Directeur de these, Maître de conférences HDR, Université de Montpellier Paul Valéry
M. Régis THOUVARECQ, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Rouen Normandie
M. Florian WASZAK, Rapporteur, Directeur de recherche CNRS, Université Paris Cité
Mme Élisabeth PACHERIE, Examinatrice, Directrice de recherche CNRS, Institut Jean Nicod - École normale supérieure
M. Vincent DRU, Examinateur, Professeur des universités, Université Paris Nanterre
M. Michel GUERRAZ, Examinateur, Professeur des universités, Université Savoie Mont Blanc
M. Yves ROSSETTI, Examinateur, Professeur des universités - praticien hospitalier, Université Lyon 1
Mis à jour le 07 novembre 2025
Contact :
Hamza Sabek : hamza.sabek@parisnanterre.fr