• Soutenance de thèse/HDR,

Thèse de Benjamin Moutardier

Publié le 27 août 2025 Mis à jour le 25 novembre 2025

Hypnose, imagerie mentale et sensorimotricité : implications théoriques et appliquées

Date(s)

le 28 novembre 2025

Heure de début : 9h
Lieu(x)

Bâtiment Alice Milliat (S)

Amphithéâtre S2
Résumé
Les suggestions imaginatives, largement associées au domaine de l’hypnose, proposent d’imaginer une situation fictive en faisant comme si elle était réelle. Elles se distinguent par leur efficacité avec ou sans induction hypnotique préalable et par leur capacité à modifier le comportement, la perception et l’expérience phénoménologique. La littérature sur l’hypnose évoque souvent l’implication de mécanismes liés à l’imagerie mentale ou à la dissociation, sans pour autant parvenir à un consensus. Ainsi, cette thèse a pour objectif d’examiner plus finement les effets des suggestions imaginatives en s’intéressant notamment aux mécanismes sous-jacents. Dans un premier axe, nous avons exploré certains modèles et processus susceptibles de moduler et de prédire, au moins en partie, ces effets. Dans un second, nous avons étudié les conditions permettant aux suggestions d’influencer l’expérience phénoménologique. Pour cela, nous avons conçu un paradigme expérimental permettant de mesurer ces effets dans des conditions minimales et suffisantes (i.e., sans induction hypnotique, de sélection des participants selon leur suggestibilité et de références explicites à l’hypnose). Ce paradigme a été utilisé dans l’ensemble de nos expérimentations. Plus précisément, les participants, debout, yeux fermés, devaient maintenir leur bras gauche tendu à hauteur de l’épaule, paume de main tournée vers le ciel, tout en recevant des suggestions leur demandant d’imaginer qu’un objet lourd (e.g., un dictionnaire) ou léger (e.g., une feuille de papier) était posé sur leur bras. Nous avons tenté d’interpréter nos différents résultats dans une perspective incarnée de la cognition. Les résultats du premier axe montrent que les suggestions imaginatives sont, au moins en partie, incarnées. En effet, l’imagination d’objets lourds ou légers sur le bras induit des effets comportementaux et perceptifs similaires à ceux observés dans la réalité : le bras s’abaisse davantage et l’effort perçu augmente avec un objet lourd, réel ou imaginé, comparativement à un objet léger. Par ailleurs, ces effets apparaissent uniquement lorsque la suggestion implique une interaction corps-objet. Ces résultats suggèrent l’implication, au moins en partie, de processus d’imagerie mentale et, par voie de conséquence, de mémoire, via la réactivation de traces relatives aux objets imaginés (e.g., un dictionnaire lourd). Dans une expérimentation ultérieure, nous avons interprété ces effets à travers une dynamique de processus d’activation de traces et d’intégration multi-composants, tel que proposé par le modèle mnésique Act-In, issu des approches de la cognition incarnée. De manière intéressante, ces effets se manifestent aussi bien lorsque les suggestions sollicitent des connaissances spécifiques (e.g., un souvenir) que des connaissances plus générales (e.g., un concept). Les résultats du second axe ont révélé une expérience phénoménologique d’involontarité supérieure lorsque la suggestion induisait un abaissement plus important du bras (i.e., imaginer un objet lourd sur le bras vs. un objet léger). En revanche, cet effet n’apparaissait pas lorsque la suggestion supposait l’imagination d’un mouvement « volontaire » (e.g., imaginer l’abaissement du bras de 20cm). Par ailleurs, l’expérience phénoménologique d’éveil et de vigilance variait davantage lors de l’imagination d’un objet lourd sur le bras plutôt qu’un objet léger, et précisément chez les participants étant conscients d’un abaissement de leur bras. Ces résultats indiquent un lien possible entre l’expérience d’involontarité et l’expérience d’éveil et de vigilance. Dans une perspective incarnée de la cognition, ces résultats relatifs à la conscience phénoménale peuvent refléter un manque de fluence entre ce qui est attendu (e.g., le bras reste stable) et ce qui est effectivement perçu (e.g., le bras qui s’abaisse).

Mots-clés
Hypnose ; Imagerie Mentale ; Mémoire ; Sensorimotricité ; Expérience Phénoménologique ; Cognition Incarnée

Jury
Alexandre Coutté, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Paris-Nanterre
Vincent Dru, Co-directeur de thèse, Professeur des universités, Université Paris-Nanterre
Christel Bidet-Ildei, Rapportrice, Professeur des universités, Université de Poitiers
Lionel Brunel, Rapporteur, Professeur des universités, Université de Montpellier 3
Sylvie Vernazza-Martin, Examinatrice, Professeur des universités, Université Paris-Nanterre
Antoine Bioy, Examinateur, Professeur des universités, Université Paris 8

Mis à jour le 25 novembre 2025